Le monde associatif à l'honneur

Dans un contexte budgétaire fragilisé par les émeutes survenues en mai 2024, la Ville du Mont-Dore maintient un bon niveau de subventions en 2025, allant même au-delà de sa compétence communale afin de répondre aux réels besoins d’un tissu associatif résistant.

Très impactées par les exactions, les associations mondoriennes se relèvent peu à peu mais elles doivent désormais composer avec une perte de licenciés et une crise du bénévolat. « Plus que jamais, en ces temps compliqués, le tissu associatif a besoin d’être accompagné », relève Élodie Ferrali, adjointe au Maire en charge de la Maison des associations, de la jeunesse, de l’insertion et de la cause animale. Soutien financier via des subventions, aides en nature avec la mise à disposition gratuite de locaux, de matériels ou de personnels, aide à la communication pour permettre aux associations de gagner en visibilité et organisation d’événements destinés à les mettre en valeur… la Ville poursuit son engagement.

Des acteurs de la cohésion sociale

Le 8 mars, une nouvelle étape a été franchie avec l’inauguration de la Maison des associations, à Boulari, qui accueille désormais les associations régies par la loi 1901 dont le siège et/ou l’activité sont situés au Mont-
Dore. Cette structure a vocation à accompagner les associations dans leurs démarches administratives, à soutenir leurs projets, à consolider et à valoriser ce tissu associatif qui oeuvre au quotidien auprès de la population et à informer les habitants sur la vie associative de la commune. « La Maison des associations va aussi tenir un rôle prépondérant pour faire (re)connaître les missions des bénévoles. S’engager dans le bénévolat peut être une porte d’entrée pour s’insérer professionnellement, car cela permet d’acquérir des compétences. Ça peut être un bon moyen de capter la jeunesse et d’assurer des passations dans de meilleures conditions », souligne Élodie Ferrali.

L'accompagnement de la Ville

La ville du Mont-Dore maintient ses aides au tissu associatif de la commune en lui apportant un soutien financier, logistique et humain. Tour d’horizon.

Les aides indirectes
La mise à disposition de locaux, souvent sportifs (environ une trentaine de discipline), avec un accès gratuit, représente une enveloppe de 40 millions de francs annuels à la charge de la Ville, qui comprend les frais d’entretien, l’électricité, l’eau, le ménage… Cette aide englobe également l’utilisation d’équipements coûteux comme la piscine de Boulari où les clubs/associations s’entraînent gratuitement. Une aide invisible qui permet de soulager la trésorerie des associations.
La co-réalisation avec les compagnies artistiques : la Ville s’associe avec les compagnies en mettant  gratuitement à leur disposition le centre culturel avec l’appui de techniciens. Elle prend en charge les principaux postes de dépenses. Une aide logistique avec le prêt, le plus souvent gracieux, de matériel (tivolis, chaises,  tables, domaine communal…) ou la fourniture de moyens techniques lors d’événements.
Une aide à la communication avec la diffusion des informations associatives sur le site internet de la Ville, sur les réseaux sociaux et dans les bulletins municipaux. Mon’Association, magazine dédié au tissu associatif, a vu le jour fin 2023 pour mettre en avant les bénévoles et leur rendre hommage en partageant leurs histoires, leurs paroles et leurs valeurs.

Les aides directes
Les subventions de fonctionnement.
Elles correspondent aux aides financières versées par la Ville pour financer la gestion quotidienne des associations et peuvent également servir à soutenir un projet spécifique. Par exemple, un déplacement dans le
cadre d'une compétition sportive ou l’organisation d’événements sportifs ou culturels particuliers.
Les subventions à caractère exceptionnel. 
Elles permettent de mener à bien un projet spécifique mais n’apparaissent pas forcément dans le budget prévisionnel. Pour exemple, la Ville a subventionné à hauteur de 3 millions de francs le club hippique La
Cravache, en grande difficulté durant les émeutes de mai 2024, afin qu’il puisse nourrir les chevaux. Le champ des aides supportées par la commune est assez large et excède le niveau de compétence de la Ville qui soutient également l’enseignement (Orchestre à l’école) et l’intervention d’intervenants sportifs sur le temps périscolaire.
Dans le cadre de ses activités, la Ville a ainsi recours au tissu associatif pour encadrer du public. L’École des sports illustre parfaitement ce duo gagnant-gagnant qui, de plus, permet aux enfants mondoriens de s’initier
à une activité culturelle ou sportive, le mercredi après-midi, à moindre coût. Un canal qui vise à attirer de nouveaux licenciés au sein des clubs. La Ville soutient aussi l’Institut spécialisé autisme (ISA) au niveau
logistique et la cause animale avec le versement d’une subvention annuelle à la Spanc dans le cadre de ses campagnes de stérilisation. 

L’organisation d’événements
La Rentrée sportive et culturelle : ce nouveau rendez-vous a été initié le 8 mars au complexe culturel et sportif Victorin-Boewa, à Boulari, afin de promouvoir les activités des associations auprès du grand public, avec une découverte et des initiations aux différentes disciplines/activités, et d'attirer de nouveaux licenciés.
La Fête du sport le 14 juillet : les associations participent au défilé. Grâce aux animations mises en place par la Ville lors de cette journée, elles ont l’opportunité de reconstituer leur trésorerie en milieu d’année (avec la vente de denrées alimentaires, de goodies, etc.) et d’attirer de nouveaux pratiquants.
La Fête de la musique le 21 juin : la Ville fait appel aux associations qui participent déjà activement au sein de la commune pour rayonner lors de ce rendez-vous musical et proposer une programmation très éclectique, à
l’image des communautés qui composent le Mont-Dore. Cette année, rendez-vous est pris au centre culturel,
à Boulari. La salle des Communautés, au Vallon-Dore, devrait également être le théâtre d’animations musicales.
La Fête du ukulélé en septembre : le ukulélé est mis à l’honneur par toutes les formations et tous les orchestres traditionnels qui proposent une programmation musicale riche, accompagnés de danses traditionnelles. Les élèves des deux ateliers de ukulélé mis en place par la Ville au Vallon-Dore et à Boulari participent également à ce rendez-vous. Une manifestation dédiée à la découverte des cultures océaniennes avec de l’artisanat et de l’art culinaire.
Les marchés à thème, à Boulari : une occasion pour les associations de gagner en visibilité. Prochain rendez-
vous, le samedi 10 mai, avec un marché dédié à la Polynésie.

La Maison des associations : une vitrine pour le mouvement associatif

Située dans les locaux de l'ancien Office Tourisme Grand Sud, au niveau du rond-point des sports, à Boulari, la Maison des associations a été inaugurée le 8 mars. Cette nouvelle structure municipale accueille principalement
les associations régies par la loi 1901 dont le siège et/ou l’activité sont situés au Mont-Dore. Elle a pour objet d’accompagner les associations dans leurs démarches administratives, de soutenir leurs projets, de consolider le tissu associatif et d’informer les habitants sur la vie associative de la commune. Elle propose une large palette de services :
• la mise à disposition d’une salle de réunion ;
• un guichet unique pour accueillir, renseigner et accompagner les associations dans leurs démarches
administratives (création, montage de projet, etc.) ;
• un espace informatique et documentaire avec la mise à disposition d’un poste informatique avec une connexion wi-fi pour effectuer des recherches et des travaux liés à leurs activités. Les usagers peuvent également profiter de la documentation sur place.
À noter que d’autres services viendront compléter l’offre dans le courant de l’année (permanences juridiques).
La Maison des associations est ouverte du lundi au vendredi de 7 h 30 à 15 h 30 (sauf les jours fériés).
Plus de renseignements au 43 70 00 ou maison-assos@ville-montdore.nc

INTERVIEW DE ÉLODIE FERRALI : "Un appui indispensable"

Quelle est la politique de la Ville ?
L’objectif de la Ville est de soutenir le tissu associatif de toutes les façons possibles : subventions, logistique, accompagnement, organisation d’événements… En cela, la création de la Maison des associations apparaissait
indispensable, qui plus est en cette période compliquée au niveau budgétaire. Les associations sont là au quotidien sur le terrain pour aider les Mondoriens et elles agissent au plus près de la population. C’est un appui indispensable. C’est par leur biais que nous avons des remontées de terrain et que nous pouvons identifier les besoins et les changements à apporter dans notre accompagnement. 

Quelles sont les missions de la Maison des associations ?
Elle a vocation à mettre en réseau l’ensemble du tissu associatif pour créer une émulation et un partage entre les différents champs d’intervention, sachant qu’au Mont-Dore, nous accordons une grande importance à l’environnement, à la lutte contre les violences intra-familiales et à la jeunesse afin de pouvoir lutter contre la délinquance. Ce sont des axes forts et le tissu associatif est la porte d’entrée de toutes ces actions. La Maison des associations va permettre de mettre en lien toutes ces associations. Elle sera le pivot pour fédérer l’ensemble du milieu associatif.

Quels seront ses champs d’action ?
Plusieurs axes vont être développés, notamment l’accompagnement à la création d’association, car on sait que face au millefeuille administratif, les bénévoles ne sont pas toujours formés. On va accompagner la professionnalisation du mouvement associatif. On souhaite également lui apporter un appui logistique afin de lui offrir une meilleure visibilité. On va mettre à sa disposition des salles pour des formations gratuites.
On souhaiterait notamment former les bénévoles à la lutte contre le harcèlement. Par le passé, on travaillait déjà avec les associations sportives pour repérer les addictions et les violences. L’idée est de poursuivre ce travail et de monter en puissance grâce à la Maison des associations.

Elle répond donc à un réel besoin ?
Oui. D’ailleurs, nous avons lancé une enquête pour identifier les vrais besoins en termes de logistique, de formation, d’accompagnement et de soutien afin de pouvoir ajuster au mieux les services proposés par la suite.

 En quoi le tissu associatif est-il un levier d’action important ?
Aujourd’hui, on enregistre une grosse perte de licenciés. On a une crise du bénévolat également. Il est de plus en plus difficile pour les gens de s’investir car ils ont d’autres priorités. Certains ont perdu leur travail, d’autres sont partis. En revanche, on a aussi vu l’émergence de nombreuses actions citoyennes. Durant les émeutes, des associations ont réorienté leurs actions pour venir en aide à la population. Les actions sont venues du terrain. Et c’est par le milieu associatif qu’on va pouvoir relancer le vivre-ensemble. Toutes ces actions citoyennes contribuent à retisser ce lien social qui a été brisé, à retrouver cette confiance perdue. On voit qu’il y a encore une forte volonté de la population mondorienne de s’entraider. Il faut s’appuyer sur cet élan, cette énergie et l’accompagner car ces bénévoles ont créé quelque chose spontanément pour répondre à des besoins à l’instant T.

Les appels à projets : un bon plan pour les associations

Lorsque les subventions des collectivités baissent, où trouver de nouveaux soutiens pour financer ses actions ? Les appels à projets peuvent apporter des éléments de réponse.

« Les appels à projets sont intéressants dans le sens où ils répondent à des besoins précis puisqu’ils sont ciblés par des collectivités. Ils vont ainsi permettre aux associations retenues d’obtenir une source de financement supplémentaire, de se faire connaître et de se renouveler dans leurs projets », explique Alain Rivieccio, directeur des services d’animation et de prévention (DSAP) du Mont-Dore. En 2025, de nombreux appels à projets
sont lancés par l’État, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie et la province Sud. Parmi eux :
• le Fonds d’échange à but éducatif, culturel et sportif (FEBECS) ;
• le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) ;
• le Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) ;
• le Fonds de la Nouvelle-Calédonie en soutien aux associations oeuvrant pour la Biodiversité…
 

Un rôle de relais et d’accompagnement
Ces exemples d’appels à projets auxquels les associations peuvent répondre ont de plus en plus tendance à être simplifiés au fil des ans. Il n’empêche que pour les novices, pas ou peu rodés à l’exercice, l’opération s’avère encore compliquée. « Répondre à un appel à projets nécessite des ressources et une certaine structuration dont toutes les associations ne bénéficient pas. C’est là où la Maison des associations a un véritable rôle à jouer : un rôle de relais et d’accompagnement pour aider les bénévoles à compléter des dossiers parfois fastidieux et complexes », relève Alain Rivieccio.

Résidences culturelles
La Ville et le centre culturel du Mont-Dore ont lancé un appel à projets pour deux résidences artistiques au centre culturel en 2025 afin de permettre aux compagnies de danse, de théâtre et aux groupes de musique retenus de bénéficier gracieusement de dix jours de résidence de création dans la grande salle de spectacle du centre culturel. Une équipe de techniciens accompagnera notamment la conception son et lumière du spectacle qui sera programmé sur le format de la co-réalisation avec la Ville en août prochain. Avec ces deux résidences, la Ville souhaite soutenir l’émergence de nouvelles propositions artistiques au sein de la commune mais aussi valoriser les compétences internes et l’équipement du centre culturel.